BLUE BAYOU (WORK IN PROGRESS)



































À propos 





Tess est ma compagne depuis six ans. Rapidement après notre rencontre, alors que je ne la connaissais qu’à Paris, elle m’a amené dans la maison de ses parents, là où elle a grandi. Une grande maison, aux abords d’une rivière qui s’écoule lentement et qui s’étale dans les terres, ouvrant des espaces dans les forêts et dans les plaines qu’elle traverse. Des lieux hostiles aux civilités des adultes mais où peut s’exprimer pleinement la sauvagerie des enfants . C’est là que j’ai découvert une partie de sa personnalité, alors inconnue de moi, et compris ce qui l’avait fait tel que je la connaissais.

Elle a passé son enfance à se baigner d’avril à octobre, dans les eaux saumâtre et dans le fond boueux de la rivière. Elle a passé son temps dans les arbres, sur les embarcations que son père utilisait pour la pêche. Je pense qu’elle a utilisé ces lieux et exposé son agilité en ceux-ci pour me séduire, là où pouvait prendre corps sa parade amoureuse et érotique. Alors que notre histoire d’amour naissait dans ce décor où il est si facile d’exister, j’ai eu envie de photographier cette intimité. Le travail est construit sous la forme d’un huis-clos, où elle et moi dialoguons dans l’indifférence du monde et où seuls quelques animaux morts ou vifs nous accompagnent. Ce travail est l’étude de sa personnalité et l’exposition de nos totems. Au fil des années, nous avons investi ce lieu différemment, en même temps que nos aspirations évoluaient, avec des désirs d’autonomie, dans un mode de vie qui représente pour nous un futur désirable.


J’ai travaillé à la chambre photographique de format 13x18 pour l’ampleur que peut donner un tel outil, et pour créer une forme de paradoxe entre l’instantanéité des scènes intimes et la lourdeur technique qu’impose cet outil. J’ai décidé de travailler en calotype, pour le rendu plastique des noirs et blanc, dans un souci à la fois d’économies et de simplicité. J’ai ainsi pu installer dans le sous-sol un laboratoire argentique pour développer au plus vite les tirages, et corriger l’exposition, celle-ci étant très sensible en calotype. Au fil du travail, j’ai utilisé un Leica pour dynamiser le récit et parfois même un smartphone, pour capter « sur le vif » certains instants que nous n’avions pas mis en scène. 90% des photographies sont des calotypes réalisés à la chambre.


Blue Bayou est un travail de l’été, il est la vie comme on voudrait qu’elle soit toujours. Ceci ajoutait une contrainte car le calotype a une dynamique très faible. Il m’était donc la plupart du temps impossible de travailler avec la lumière crue du soleil. La majorité des prises de vue ont été faites au lever du jour et au coucher du soleil. Travailler en fin de journée était plus compliqué car la lumière est alors composée principalement de rouge, spectre auquel le papier photo n’est pas sensible.


Ce travail n’est pas terminé, Blue Bayou, commencé à l’été 2018, est dans mon esprit le premier chapitre d’un travail au long cours.

























































































Mark